Nadine Wandel

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Objets miniatures

Nadine Wandel ou le sens de la démesure par Gérard Preszow Elle chante, la voix haut perchée. Elle pourrait tomber dans sa gorge, avalée par les aigües. Elle regarde de côté, ironise, se moquant plus d’elle-même que du monde. Elle a eu, des années durant, le sérieux et la constance d’une prof de chant lyrique en classe d’Académie... Elle passait avec naturel de Baudelaire mis en musique par Poulenc, à du klezmer si scrupuleusement articulé... que d’anciennes dames bien mises la félicitèrent p1 Nadine Wandel ou le sens de la démesure par Gérard Preszow


Elle chante, la voix haut perchée. Elle pourrait tomber dans sa gorge, avalée par les aigües. Elle regarde de côté, ironise, se moquant plus d’elle-même que du monde. Elle a eu, des années durant, le sérieux et la constance d’une prof de chant lyrique en classe d’Académie... Elle passait avec naturel de Baudelaire mis en musique par Poulenc, à du klezmer si scrupuleusement articulé... que d’anciennes dames bien mises la félicitèrent pour son chanter yiddish.
Elle fut, et est encore, tout au long de leur vie cinématographique commune, l’égérie, la muse, le contre- champ de l’itinérance – son « itin-errance » - du cinéaste Boris Lehman.
Nadine n’a cessé de sautiller sa vie, toujours avec sérieux, toujours d’un regard décalé. Nadine est insondable.
Et aujourd’hui plus que jamais.
Nadine habite une charmante petite maison dans un quartier coquet sis de l’autre côté du canal, à l’allure un rien english. Est-ce cette sédentarisation qui la pousse désormais à construire avec une patience infinie des miniatures de chambres fantasmées, des maisons dans la maison dans la maison...des pièces dans des pièces dans des pièces... peuplées de meubles construits au douzième sur l’échelle du réel ? Celle qui tarda à se poser consacre une part de son temps à maîtriser des matériaux du bout de ses doigts qui doivent leur paraître géants. Que ce soit « La Classe » ou « Le Salon de Musique » ou, plus encore, « Le Salon japonais de Schmuel Anski », on est fasciné par ce que l’espace doit au temps, la précision à la concentration, la volonté à l’humilité. Ce sont ces forces contraires et combattantes qui mobilisent le
regard. Ca n’a l’air de rien - pourrait-on dire – et pourtant, qu’est-ce qui pousse cette femme à renouer avec une certaine enfance pour dominer l’espace des grands ? Ce sont des maquettes, des miniatures avec lesquelles, précisément, on ne peut pas jouer. Plus question d’y toucher dès lors qu’elles sont achevées. Le poids d’un regard mal ajusté pourrait réduire le tout à rien. Alors ? Tout un cheminement consacré à la construction rigoureuse d’une fragilité, toute une vie pour reprendre le tout à zéro. Il y a un sens de la démesure à vouloir réduire le monde à sa miniature.
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Créé avec Artmajeur